Romy et les Allemands
Si le départ de Romy Schneider a été si mal pris en Allemagne, ce n’est pas de son fait. Ni vraiment une faute commise par une partie des Allemands. Ou plutôt, si l’on peut considérer cela comme une erreur, elle est compréhensible, et si j’ose dire, légitime. Après la guerre, les humiliations, la cruelle défaite, la honte écrasante aux yeux des autres nations, l’occupation, l’Allemagne tient sa revanche. Elle tient sa revanche, car L’actrice, LA star européenne, qui fait rêver toute la jeune génération, est allemande, elle est la promesse d’un avenir meilleur, enfin la tête haute, pour tout un peuple. A l’évidence, tout comme une grande partie des allemands de 1935 n’étaient pas nazis, ce n’est qu’une partie de l’Allemagne de 1960 qui réagira à ce point violement à cette désertion qui n’en étais pas une. Dans le cœur des Allemands, Romy passe de la 2ème place, vers 1955, à la 26ème en 1958, l’année de son installation avec Alain Delon. Cette jeune fille qu’ils avaient porté si haut, qui leur devaient une partie de son foudroyant succès, les abandonnait une fois arrivée au sommet. Ils le vivent comme une seconde humiliation, la seconde en 10 ans. Ce n‘était évidemment absolument pas l’intention de Romy, ce n’était absolument pas son but. Mais c’est de cette manière que cela a été perçu par les siens. Sur ses épaules reposait tout l’honneur de ce pays en pleine reconstruction et en marche vers une meilleure estime de lui-même. "Pour les allemands, Romy Schneider est bien plus qu’une simple actrice. Elle est la figure de la revanche, l’emblème de la reconstruction allemande sur la scène du monde." ( "Romy, ma mère et moi" d'Evelyne Bloch Dano") Cette responsabilité, elle ne peut l’assumer à 18 ans, alors qu’elle n’a rien demandé d’autre que d’être heureuse et de suivre les traces de sa mère sur les écrans. Sortie de son pensionnat religieux à peine deux ans avant Sissi, elle est excessivement jeune et ne peut pas assumer ce rôle d’emblème de l’Allemagne enfin relevée de demain, qu’elle n’a ni cherché, ni choisit. Elle n’est qu’une jeune fille en quête d’indépendance qui suit à Paris le jeune homme dont elle est passionnément amoureuse et qui essaie de se détacher de ce rôle de Sissi, qui a indéniablement été une chance, elle le reconnaîtra elle-même, mais qu’elle ne va pas interpréter éternellement.