Le 10 avril 1958, un jeune homme attendait, anxieux et impressionné, sur le tarmac de l’aéroport d’Orly. Il avait réussi, suite à deux rôles et sans aucune école de cinéma, aucun cour, aucun apprentissage, à être en haut de l’affiche. Romy Schneider, star incontestable de l’Europe d’après-guerre l’avait choisi sur photo « on a presque envie de dire sur catalogue » ( citation Evelyne Bloch Dano ), pour être son partenaire dans le film « Christine » remake de « Liebelei » film de Max Ophuls qui fit les belles heures de Magda Schneider. On lui en avait parlé à l’époque de « Mon premier amour », 3 ans plus tôt. Durant le tournage de « Jeunes filles en uniformes », qui précédait directement celui de « Christine » elle en avait parlé à Lili Palmer qui n’en avait jamais entendu parler. Les yeux bleus et le sourire ensorcelleur du bel Alain avait séduit Romy. Puis, elle l’avait oublier durant ces années où l’on avait fait d’elle un symbole, la sucrerie, la petite poupée fétiche d’un cinéma de dentelles et de jupons. Ils signèrent donc même temps que le contrat de Christine leur plus grande histoire d’amour. « Fidèles à leur serment d’éternité sur fond de vallée autrichienne dans Christine »ils s’aimeront d’un amour passion devenu amitié amoureuse jusqu’à la mort de Romy. Le 10 avril, Romy foule le tarmac d’un aéroport d’un pays qui l’adoptera et la gardera, d’un pays qui en fit une icone en même temps qu’une actrice française, et qui la fit tourner dans ses plus beaux rôles. Dans la lumière des flash et l’agitation de journalistes, elle avait aperçus son partenaire, Alain Delon. Il était beau, il portais à la main un bouquet de roses rouges. Les photos prises de cette rencontre nous montre un Romy radieuse, brandissant fièrement une tour Eiffel. Un Alain Delon souriant mais quelque peu mal à l’aise. La première impression est éblouissante, mais l’ennui et la banalité de la mise en scène de leur rencontre prendra le dessus. Car leur rencontre est une véritable mise en scène. Le bouquet pour que l’impression soit plus romantique, le costume pour la galanterie, le jeune Alain, doit s’avancer vers Romy au moment voulu, lui tendre les fleurs. Tout à été prévu dans les moindres détails afin que la publicité soit bonne, et que cela fasse une bonne promotion du film du même coup. Il est amusant de constater comme la rencontre à été « organisée » factice, contraire à l’avis et aux goûts des premiers intéressés, pour qui il ne s’agissait que d’un coup publicitaire qui leur déplaisait à tout deux, à côté de l’amour, sincère, véritable, authentique, sans artifice, qu’ils se porteront jusqu’au bout. Un amour puissant, à l’antipode de cette mise en scène factice. Ils s’étaient embarqués tous deux, suivi de Jean-Claude Brialy, venu en guise d’interprête et qui obtiendra finalement un joli rôle dans le film, dû à la persuasion d’Alain, et au pouvoir de Romy. Ils s’étaient donc embarqués pour aller apprendre la valses à trois temps auprès d’une professeure revêche. Bien sûr, Romy ne connaissait à ce niveau là aucune difficulté. En Autriche, on valse comme on mangerait ou l’on s’habirait. Il était difficile d’en dire autant d’Alain, qui se sentait terriblement raide à devoir esquisser ses pas légers et rapides. Mais la magie faisait quand même son effet, ils apprenaient à se connaître. Les jours suivant, le tournage de Christine avait commençé. Alain était froid, arrogant. Romy , désarmée, devant un Alain ne voulant pas être « le débutant face à la star » lui parlait peu, ou pas. Les disputes s’enchaînaient, ils n’étaient décidément pas faits l’un pour l’autre. Et pourtant, ce qui allait suivre n’aurait aucune difficulté à démontrer le contraire. Alain arrivait, décoiffé, en blues jeans, trop décontracté, trop en retard, au volant d’une voiture conduite trop vite « à une vitesse démente ».« Soudain, il l’a injurié. Heureusement que Romy ne comprenait pas le français. Elle a souri. Eblouie. » Et un jour, c’est lui qui lui a souris à son tour. Il était amoureux d’elle également, et ce, définitivement. « Elle a fini par me faire perdre toute contenance » commentera-t-il.
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